05/11/2025

Le plan quinquennal d’une Belle Chine

Biljana Vankovska, Substack, 31/10/2025

Traduit par Tlaxcala

Versión española

Biljana Vankovska (1959) est professeure de science politique et de relations internationales à l’Université Saints-Cyrille-et-Méthode de Skopje, membre de la Fondation transnationale pour la paix et la recherche sur l’avenir (TFF) à Lund, en Suède, et considérée comme l’intellectuelle publique la plus influente de Macédoine. Elle est également membre du collectif No Cold War. Elle a été candidate indépendante, soutenue par le parti Levica (La Gauche) à l’élection présidentielle de 2024.

Quelques jours avant le second tour des élections locales en Macédoine, tout le monde ici semble obsédé par une seule question : qui contrôlera les municipalités — et, à travers elles, qui nous contrôlera ? Le pouvoir dans ce pays s’écoule comme une pyramide : de Vodno (le bureau de la présidente) à Ilindenska (le siège du gouvernement), jusqu’à chaque conseil local.

Mes lecteurs locaux me pardonneront, mais il n’y a rien de nouveau — ni d’inspirant — à dire sur ce pays aux divisions profondes, où la politique tourne autour des appels d’offres, des égos, de la corruption et du contrôle. La Macédoine a depuis longtemps perdu toute vision ; la stratégie est devenue un mot oublié ou galvaudé. Depuis la fin du socialisme, nous sommes gouvernés par les lois sauvages du marché, par la cupidité, la dépendance, et bien sûr, par nos nouveaux patrons coloniaux.

Et pourtant, d’une manière ou d’une autre, la Macédoine survit — miraculeusement — grâce à un régime de prêts et de dettes qui nous maintient à flot sans jamais nous faire avancer. Malgré cette lassitude, je ne veux pas oublier cette petite étincelle : le succès inattendu d’un jeune militant d’extrême gauche [AMAR MECINOVIKJ] qui s’est hissé au second tour [et a obtenu 36,69% des voix, NdT]. Peut-être, juste peut-être, est-ce le début de quelque chose de vraiment nouveau.

Vous pourriez vous attendre à ce que j’écrive sur l’Europe à la place. Ah, pitié — épargnez-moi cette illusion. L’Europe que nous admirions autrefois est devenue un continent de désindustrialisation, de peur et de rhétorique guerrière. Autrefois Vénus, elle est désormais Mars, vivant selon la logique du complexe militaro-industriel. Et pourtant, notre « Belle au bois dormant » présidentielle [Siljanovska Davkova] continue de se laisser charmer par le palais étincelant de Macron, bien qu’il brille moins qu’avant.

Alors pourquoi la Chine ? Pourquoi, au milieu d’une telle décadence locale et européenne, tourner mon regard vers Pékin et son nouveau plan quinquennal ? Parce que, franchement, quand tout autour de moi ressemble au chaos, j’ai besoin d’une oasis de développement, d’ordre, d’harmonie et de vision. J’ai besoin de me rappeler qu’un autre monde est possible — qu’il existe encore un lieu où l’on pense au-delà de la prochaine élection, au-delà de l’horizon de la peur et du populisme.

Peu de Macédoniens ont remarqué que la quatrième session plénière du 20 Comité central du Parti communiste chinois s’était récemment tenue. Et pourtant, son importance est immense : elle a jeté les bases du 15 plan quinquennal de la Chine, qui sera finalisé en mars 2026. Pour la plupart des Macédoniens, lexpression « plan quinquennal » évoque un terme poussiéreux tiré dun manuel dhistoire. Mais pour ceux dentre nous qui se souviennent du socialisme, elle résonne encore avec une certaine nostalgie. À l’époque, l’État — et surtout, les travailleurs eux-mêmes — planifiaient leur avenir commun à travers l’autogestion socialiste. C’était un exercice collectif d’imagination et de responsabilité. Oui, des erreurs grossières ont été commises, certaines fatales. Mais au moins, il y avait une direction.

Aujourd’hui, les campagnes électorales ont remplacé la planification. La politique est devenue un carnaval de promesses creuses — des listes de vœux bon marché déguisées en visions (éphémères).

En Chine, c’est l’inverse. Contrairement aux stéréotypes, ces plénums ne sont pas des rituels bureaucratiques ennuyeux. Ce sont des moments d’intensité créative. Une nation de 1,4 milliard d’habitants concentre son esprit pour tracer une voie à travers un monde incertain. Le plan quinquennal chinois n’est pas une relique de la planification centrale — c’est un instrument vivant de vision nationale, sans cesse adapté aux réalités changeantes.


Cette fois, le mot d’ordre est développement de haute qualité. Fini l’obsession de la croissance à tout prix. Le nouvel objectif est un progrès autonome, durable et technologiquement souverain. Dans un monde de sanctions, de guerres commerciales et de chaînes d’approvisionnement brisées, la Chine a appris que la dépendance est une vulnérabilité. Elle investit donc massivement dans l’intelligence artificielle, la biotechnologie, les technologies vertes et l’innovation domestique. Elle construit une résilience face à un système mondial conçu pour la maintenir dépendante.

Le concept directeur est l’autosuffisance et la résilience. La logique est simple : plus jamais personne ne doit pouvoir « nous couper l’électricité ».

Un autre pilier central est la prospérité commune. Le terme peut sembler démodé, mais son sens est profond : la stabilité sociale dépend de la justice. La richesse ne doit pas s’accumuler entre les mains de quelques-uns ; la Chine rurale et la Chine urbaine ne doivent pas vivre dans des siècles différents. La réduction de la pauvreté ne suffit pas — ce qui compte, c’est la juste répartition, la dignité et la foi en un ordre moral.

Et voici ma partie préférée — l’idée de « belle Chine» (Beautiful China). Non, ce n’est pas un slogan touristique. C’est une philosophie. Elle affirme que le développement ne doit pas détruire la terre qui le soutient. Elle imagine une civilisation verte où le progrès humain et la nature évoluent ensemble. C’est la même intuition que celle du concept de Gaia — la reconnaissance que l’humanité et la planète forment un seul organisme vivant.

« Belle Chine» signifie un air plus pur, une alimentation plus sûre, une meilleure santé, moins de pollution, plus d’harmonie. Cela signifie une civilisation qui mesure son succès non seulement par le PIB, mais aussi par la qualité de vie et l’équilibre entre le monde humain et le monde naturel.

Regardez-nous maintenant, dans les Balkans. « Développement de haute qualité » ? « Autosuffisance technologique » ? « Prospérité commune » ? Ces mots sonnent comme des fantasmes utopiques venus d’une autre planète. Ici, dans notre capitalisme sauvage de vol et de privilège, le bien commun n’apparaît même pas sur les bulletins de vote. Chaque promesse s’arrête là où commence l’intérêt personnel de quelqu’un.

Comparez les trois capitales : Pékin, Bruxelles et Skopje. La Chine planifie — avec discipline, continuité, prudence et prévoyance. L’Europe débat — surtout de sanctions et de militarisation. La Macédoine improvise — dérivant d’une crise à l’autre, toujours surprise par ce qu’elle aurait dû prévoir.

Nos soi-disant « stratégies nationales » sont écrites pour les donateurs, non pour le peuple. Ce sont des documents sans âme, sans vision. Nous avons oublié que planifier n’est pas contrôler — c’est espérer, structurer dans le temps. Sans plan, chaque désastre semble être un destin, chaque problème un accident.

Skopje, fin octobre 2025

Pendant ce temps, notre capitale Skopje s’enfonce dans les ordures, les rats et la décadence morale. Et nous attendons encore que le prochain maire [Orce Gjorgjievski] règle ça en 72 heures — après les élections, bien sûr.

La Chine, malgré tous ses problèmes, regarde vers 2030 et dit : nous aimerions ressembler à ceci et cela. La Chine n’est pas parfaite, elle ne réussira pas tout, mais elle ose penser en siècles. Rien que ça est déjà une forme de beauté.

Car « Belle Chine» ne parle pas seulement de la terre — elle parle de la croyance que l’avenir peut être conçu, et pas simplement subi.

04/11/2025

اعتداءات وحرائق ومجازر جماعية كأنها قطعان تساق إلى الموت : الضفة الغربية تواجه عنفًا إسرائيليًا غير مسبوق

جوناثان پـولّاك، هآرتس، 25 أكتوبر 2025

ترجمها   تلاكسكالا

جوناثان پـولّاك (تل أبيب، 1982) مصمّم غرافيك إسرائيلي وكاتب في صحيفة هآرتس. شارك سنة 2003 في تأسيس مجموعة العمل المباشر الأناركيون ضد الجدار. وقد اعتُقل مرات عديدةمنها في السادس من كانون الثاني / يناير 2020.



ميليشيات من المستوطنين الإسرائيليين، مدعومة بقوات الجيش، تشنّ هجمات على القرى الفلسطينية وتعمل على تدميرها منهجيًا: اعتداءات على السكان، حرق للمحاصيل، تخريب للمركبات، وذبح للحيوانات.

الكاتب الإسرائيلي جوناثان بولّاك يروي مشاهداته خلال مرافقته لمزارعين فلسطينيين في موسم جني الزيتون، وكيف كاد يفقد حياته لمجرد تضامنه معهم.

في الجنوبِ... تُثمرُ الأشجارُ ثمرًا غريبًا،

دماء تلطخ الأوراق و الجذور،

وأجسادٌ سوداءُ تحركها نسمات ثقلى،

ثمرٌ غريبٌ يتدلّى من الحورِ الحزين.

مشهدٌ رعويٌّ من الجنوبِ الجريء،

عيونٌ جاحظةٌ، وأفواهٌ ملتوية،

عبيرُ الماغنوليا... عذبٌ، نديّ،

ثمّ فجأةً... تفوحُ رائحةُ لحمٍ بشريٍّ محترق.

ثمارٌ للغربان،

وللمطر، والريح، والشمس،

حتى تملّ الأشجارُ حملها،

وتهوي بها إلى التراب.

يا له من حصاد غريب... و مرْ.

«ثمار غريبة»، لأبِل ميروبول

 عنف المطلق

شهد العامان الأخيران موجةً من العنف الإسرائيلي الجامح. في قطاع غزة بلغ العنف ذروته إلى حدِّ الوحشية، لكن الضفة الغربية كانت مسرحًا لقدرٍ مماثل من الألم.
العنف هنا منظَّم منسّق،  بمشاركة مختلف الأجهزة الإسرائيلية : الجيش، الشرطة، حرس الحدود، جهاز الشاباك، مصلحة السجون، منسّقو أمن المستوطنات، إضافةً إلى المدنيين المسلّحين.


مدنيون يحملون العصيّ والأنابيب المعدنية والحجارة، وبعضهم البنادق — ميليشياتٌ تعمل خارج القانون وتحت مظلّته في آنٍ معًا.
أحيانًا يبدأ المدنيون الهجوم والجيش يتبعهم، وأحيانًا العكس؛ لكن النتيجة واحدة: ترويعٌ وتدميرٌ ممنهج.

منذ مطلع موسم جني الزيتون، تصاعد العنف الإسرائيلي في الضفة الغربية — عنف مدروس ومنسَّق — إلى مستويات غير مسبوقة.

فقد اجتاح العنف قرى دوما وسلواد ونور شمس والمعرجات وكفر مالك والمغيّر الدير، قبل أن تلامس الأيدي أغصان الزيتون.

هو قدر القرى الفلسطينية المنسية، تواجه وحدها قسوة الحدود حيث تمتدّ المستوطنات الإسرائيلية كقلاعٍ من الحديد والحصار.

 مقتل محمد الشلبي وسيف المصالحة

ركض محمد الشلبي لينجو بحياته — دون أن يدرك أنه يركض نحو موته. شاحنة رمادية تقلّ مستوطنين إسرائيليين مسلّحين طاردته هو وعشرة آخرين.

بعد ساعات، عُثر على جثّته: رُمي بالرصاص من الخلف، وعليها آثار عنفٍ وحشيّ لا يوصف. المصير نفسه لاقاه سيف الدين مصاليت، الذي تعرّض لهجومٍ وتمكّن من الفرار لبرهة، قبل أن يسقط مغشيًّا عليه.

ظلّ ممدّدًا على الأرض، بين الحياة والموت، لساعاتٍ طويلة، فيما كان الجنود والمستوطنون يجوبون التلال بحثًا عن فريسةٍ جديدة.

كان ذلك يوم 11 يوليو 2025، أثناء مذبحة جبل الباطن، شرق رام الله.

لم أكن أعلم بعدُ أنهم ماتوا، لكنني كنت أعرف خوف الموت.

قبل بضع ساعات، كانت جموع من الإسرائيليين قد اجتاحت بلدة البطن؛ فحاولت مجموعة من الشبان الفلسطينيين من القريتين المجاورتين سنجل والمزرعة الشرقية صدّهم.

في البداية كانت الكفّة تميل لصالحهم، ثم وصلت شاحنة رمادية تقلّ رجالًا مسلّحين.

اندفعت الشاحنة نحو الفلسطينيين ودهست أحدهم. وبينما كنت أساعد في إجلاء الجريح، اضطررنا إلى الفرار — فقد أظهرت الأيام السابقة ما الذي يحدث لمن يتخلّف عن الهرب.

لم ننجح في الفرار. فقد لحق بنا مجموعة من الإسرائيليين المقنّعين، مسلّحين بهراوات الشرطة. انهالت الضربات على الوجوه، على الأضلاع، على الظهر — قبضات، أقدام، غبار، وعنف جامح لا نهاية له. وبينما كانت وجوهنا متورّمة وأجسادنا مثخنة بالكدمات، كنّا — وكما هو متوقّع — الوحيدين الذين جرى اعتقالهم عندما وصل الجنود.

وبينما كنّا ننتظر أن يُقتادونا، عادت الشاحنة متجهة نحو سنجِل، حيث كانت هناك سيارة إسعاف وأخرى مدنية. هناك بدأ الاعتداء الوحشي بكل مكونات العنف الإسرائيلي: قوّات رسمية وميليشيات خاصة، لكلٍّ دوره في المشهد، ولكلٍّ نصيبه من الجريمة.



 موسم الزيتون يتحوّل إلى ساحة حرب

لطالما كان موسم الزيتون مناسبةً فلسطينيةً عائليةً وثقافية، لا مجرد نشاط اقتصادي. كانت العائلات تجتمع تحت الأشجار، تغنّي الأهازيج الشعبية، وتطهو «قلاية البندورة» ( طماطم، بصل و فلفل) على النار في الهواء الطلق.
تحويل هذا المحفل الجماعي إلى كابوسٍ من المراقبة والخطر ليس مجرد استيلاءٍ على الأرض، بل هو اعتداءٌ على الذاكرة والانتماء، محاولةٌ لاقتلاع الهوية ذاتها. إنه كما يصفه القانون الدولي شكلٌ من أشكال تدمير شعب كامل
.

الهجوم الذي أودى بحياة محمد وسيف كان مجرد حلقة إضافية في سلسلة من المجازر. لقد توقفت عن عدّ الجنائز التي شاركتُ فيها خلال الأشهر الماضية.

إلى جانب العنف، يعاني المزارعون من آثار التغيّر المناخي.
فالزيتون يُثمر عامًا ويضعف في العام التالي، وهذه السنة كان المحصول ضعيف: شتاءٌ قليل المطر وحرٌّ شديد في الربيع جفّف الأشجار وأسقط ثمارها.
الكثير من الحقول خالية من الزيتون، قبل أن نحتسب حتى آلاف الأشجار التي اقتُلعت. ومع تقلّص العائد الاقتصادي وازدياد المخاطر، باتت عملية القطف مغامرةً قد تُكلّف الحياة.



حملة «زيتون 2025»

رغم التهديد والاعتقال، انطلقت حملة «زيتون 2025»، وهي تحالفٌ واسع يجمع اليسار الفلسطيني وفصائل من حركة فتح، بهدف تنظيم موسم القطف ودعم المزارعين.
قام النشطاء بتحديد مناطق الخطر واحتياجات القرى، لكن في الليلة الأولى من الموسم داهمت قوات الاحتلال منزل الناشط رَبيع أبو نعيم، أحد منسّقي الحملة، واعتقلته إداريًا — أي من دون توجيه تهمةٍ أو محاكمة.
رَبيع من قرية المغيّر شرق رام الله، وهي من أكثر المناطق تضررًا: اقتلع الجيش فيها 8500 شجرة زيتون، وأتلف المستوطنون المئات ليلاً.

بعضهم لا يزال يُدّعي أن هناك عنفاً "من الطرفين"، وأن الشرطة تحقق، وأن احتجاز ربيعة مبرر. فليصدقوا إذا هذه الخرافات.

 مواسم المجازر

في اليوم الأول من موسم جني الزيتون، قبل أسبوعين، انهمرت موجات العنف كالمطر الغزير.

في جوريش، اعتدى مستوطنون إسرائيليون على العمّال بالعصيّ.

وفي دوما — حيث أُحرِقت عائلة دوابشة حية عام 2015 — منع الجنودُ الفلسطينيين من دخول أراضيهم بحجة “التنسيق الأمني”.

في كفر ثلث، أقدم المستوطنون على ذبح قطيع من الماعز، وفي فرعتا أطلقوا الرصاص الحيّ على المزارعين، بينما كان الجنود يقفون إلى جانبهم دون أن يحرّكوا ساكنًا.

أما في كوبر، قرية مروان البرغوثي، فقد تم اعتقال المزارعين لأنهم عملوا في أراضيهم الخاصة

لكن الذروة كانت في بيتا، قرب نابلس. في العاشر من أكتوبر، توجّه نحو مئة وخمسين عاملاً إلى حقول الزيتون القريبة من بؤرة استيطانية جديدة. فتعرضوا لهجوم واسع من قبل جنود ومستوطنين معًا: ضرب، إطلاق نار، وإحراق متعمّد.

الحصيلة: عشرون جريحًا، أحدهم بالرصاص الحيّ، وإحراق عدد من السيارات وسيارة إسعاف. كما تمّ الاعتداء على ثلاثة صحفيين:

جعفر اشتية، الذي أُحرِقت سيارته، ووهّاج بني مفلح الذي كُسرت ساقه، وسَجى العالمي.



الجيش والمستوطنون: شراكةٌ في القمع

واصلت الاعتداءات انتشارها في الأيام التالية في برقة والمغيّر ولوبان الشرقية وترمسعيا وسلواد.
شارك الجيش الإسرائيلي بطرقٍ شتى: أحيانًا يرافق المهاجمين، وأحيانًا يغضّ الطرف، وأحيانًا يهاجم بنفسه.
في بورين أعلن المنطقة «عسكرية مغلقة»، واعتقل 32 متضامنًا فلسطينيًا وأجنبيًا لشرب الشاي في منازل الأهالي .

في 17 أكتوبر، شهدت بلدة سلواد ساعاتٍ طويلة من الهجمات المتواصلة: سيارات إسعاف مُخرَّبة، وعربات سرقت، وأشجارٌ مقتلعة.

وصلت شاحنة رمادية — هي ذاتها التي شوهدت في اعتداءات سابقة — مكتظّة بشبّانٍ مسلّحين، يتظاهرون بأنهم جنود. وبعدها وصل الجنود الحقيقيون، لكنهم طردوا المزارعين… لا المعتدين.

كنتُ هناك. وعند مغادرتنا، لاحقتنا سيارة إسرائيلية على طريق جبليّ ضيّق يطلّ على منحدر. كانت صور مذبحة جبل الباطن تعود إلى ذهني. نجونا من الموت بأعجوبة.



استمرار العنف وصمود الأرض

مئات الحوادث، صغيرة وكبيرة، تتوالى.

في تورموس عيّا، اعتدى رجالٌ ملثمون على امرأة مسنّة بضربة على رأسها، فأُصيبت بنزيف دماغي. اثنان من النشطاء جُرحا، وخمسُ سيارات أُحرِقت.

وما زالت موسم الجَني لم يكتمل، بل لم يبدأ إلا بالكاد.

لكن هذه الحكاية ليست فقط حكاية عنفٍ وسلبٍ وخراب، بل هي أيضًا حكاية المقاومة الفلسطينية، والتشبّث بالأرض، والإصرار على عدم الانكسار. قالت رَبيعة، قبل أن تُعتقل، من داخل زنزانته:

 إذا اقتُلعتْ أشجار الزيتون من قريتنا، فسنحصدُ السنديان.

وإن لم يبقَ للسنديان جَوزٌ، فسنحصدُ الأوراق

 


Des villages d’Espagne et du Portugal s’allient contre la fièvre européenne des minéraux stratégiques

Luis Velasco et Yolanda Clemente, Alconchel, El País, 20/09/2025
Traduit par Tlaxcala

Les habitants partagent des stratégies pour éviter l’ouverture de mines qui détruiraient leur environnement et leur mode de vie : « Nous sommes un territoire sacrifié pour des intérêts économiques. »


Graffiti contre les mines sur une pancarte d’investissements européens pour le développement rural, à Alconchel (Badajoz). Photo : Luis Velasco

La péninsule Ibérique est devenue une pièce clé de la stratégie européenne concernant les minéraux essentiels nécessaires à la fabrication de produits allant des batteries aux munitions. Sur les 60 projets approuvés par Bruxelles, 11 sont répartis entre des communes d’Espagne et du Portugal, où la crainte de nouvelles mines extractivistes a donné naissance à une alliance populaire pour défendre leurs modes de vie.
À Assumar, un village portugais de 600 habitants situé à 20 kilomètres de la frontière avec le sud de l’Estrémadure, le silence n’est rompu que par quatre ouvriers perchés sur un échafaudage, réparant une façade. L’un d’eux descend lentement lorsqu’on l’interroge sur les minéraux essentiels dans la région de l’Alentejo. « Il y avait une mine il y a quelques années. Ils disent qu’ils explorent à nouveau, mais je ne sais rien », tape-t-il dans le traducteur Google.

Les rumeurs de ces prospections traversent le Guadiana jusqu’aux plateaux de la région d’Olivenza (Badajoz), où les habitants sont plus familiers avec le plan européen visant à extraire des substances telles que le lithium, le tungstène ou les terres rares.
Rubén Báez (51 ans), coordinateur de la plateforme antimines, accuse la société Atalaya Mining — héritière des droits de la mine de Riotinto à Huelva — d’effectuer des forages illégaux sur ce sol protégé par le réseau Natura 2000. Il affirme au téléphone qu’« il est normal » que de l’autre côté de la frontière, personne ne soit informé des explorations : « Aucune administration n’explique rien. C’est la même entreprise qui tente de créer une ceinture minière allant d’Aguablanca à Jerez de los Caballeros. »

L’ordre d’expropriation adressé en 2021 à un habitant d’Alconchel (1 600 habitants) pour rechercher de l’or et du cuivre sur sa propriété a révélé la vérité : silence institutionnel, forages clandestins et présumée flexibilité légale dans les rapports d’évaluation environnementale.
Il y a peu d’ombre pour se protéger des 39°C estivaux dans cette commune de maisons blanches et de toits rouges. La terrasse du bar La Piscina devient alors le meilleur refuge climatique.
Eli Correa, conseillère municipale de 33 ans du Parti Populaire, et José María, un éleveur de 44 ans, se souviennent de ce moment :
« Si ce n’avait pas été pour la tentative d’expropriation, nous n’aurions jamais su ce que préparait Atalaya », dit Correa.


Prospections en cours, mais pas encore stratégiques

Le bruit des enfants dans la piscine d’Alconchel sert de toile de fond aux inquiétudes exprimées par la conseillère :
« Je ne veux pas vivre avec une mine à 100 mètres de ma maison. Ni que l’eau dont nous dépendons tous ici soit contaminée. Je veux que mon village se développe, mais pas à n’importe quel prix. »

Le manque d’informations, comme à Assumar, a poussé José María à parcourir toute la dehesa [pâturage forestier communal] qui fait vivre les villages de cette région frontalière du Portugal, durement touchée par la dépopulation et le chômage.
« Nous avons apporté à la mairie (PSOE) les coordonnées exactes et les photos des forages. Ils n’avaient d’autorisation que sur une seule propriété et en ont profité pour pénétrer sur les autres », accuse-t-il, assurant qu’Atalaya Mining a été condamnée à une amende de 4 000 euros par la Confédération hydrographique du Guadiana (CHD) pour des forages présumés illégaux.

L’entreprise affirme au journal ne pas chercher à déclarer le projet comme stratégique et que toutes les campagnes d’exploration menées depuis 2021 disposent « de toutes les autorisations nécessaires », une activité « contrôlée par de nombreuses inspections officielles ». Elle ajoute que ces forages sont « peu invasifs et respectueux de l’environnement ».
Selon Báez, la société continue pourtant à explorer avec une licence désormais expirée : « Dès qu’ils pourront le déclarer stratégique, ils le feront », conclut-il.

Le gouvernement régional, dirigé par María Guardiola (Parti Populaire) en coalition avec Vox, a refusé de répondre sur la protection environnementale du sol et les autorisations de forage.
Sur son site ouèbe, la Junta présente l’exploitation minière comme une opportunité de « promotion de la croissance économique » de l’Estrémadure, où il existe « plus de 1 000 indices » pour lancer des projets viables.
Dans la Sierra de Gata (Cáceres), sept nouvelles excavations pour extraire de l’étain et du lithium — deux matières premières stratégiques — sont déjà à l’étude, ainsi que dans les villages de Villanueva del Fresno et Barcarrota (Badajoz).

Des sources du ministère pour la Transition écologique expliquent que toutes les initiatives minières doivent passer par une évaluation environnementale à laquelle il est possible de présenter des observations, précisant qu’à l’exception du projet stratégique d’Aguablanca, « les autres projets d’Estrémadure relèvent de la compétence régionale ».
Elles ajoutent qu’une « information publique » doit être réalisée pour permettre à quiconque d’« exposer les impacts possibles ».
La plateforme Comarca Olivenza Sin Minas, qui regroupe plus de 100 personnes, affirme n’avoir eu accès à aucune information.

Martín, avocat de 52 ans, montre sur sa propriété familiale à Táliga (660 habitants, Badajoz) des photos prises sur le terrain voisin : on y voit des foreuses, un bassin d’eau et des roches alentour.
« Ils sont entrés sans autorisation municipale, en cachette, comme d’habitude », dit-il. « Ils agissent avec la même impunité que dans Mississippi Burning, et tu es obligé d’affronter les ouvriers. S’ils sont en règle, pourquoi se cachent-ils ? » interroge-t-il.
Selon Báez, la mairie de Táliga a ouvert une procédure de sanction après l’inspection du SEPRONA [Service de protection de la nature de la Garde Civile] : « La Direction générale de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines dit que les prospections sont légales selon leur réglementation, mais elle ne tient pas compte des règles d’urbanisme, car, selon eux, ce n’est pas de leur compétence. »

La crainte que l’objectif européen de ne plus dépendre de pays comme la Chine serve de prétexte à l’ouverture de nouvelles mines se répand dans toute la péninsule. Des centaines de villages, des montagnes de Galice et du nord du Portugal jusqu’à l’Andalousie, en passant par les vallées de Castille-et-León, sont concernés.
Cette inquiétude a conduit à la création, en 2023, de l’Observatoire ibérique de la mine (MINOB), où la plateforme d’Olivenza et d’autres villages espagnols et portugais cherchent un appui juridique pour freiner la fièvre extractiviste.


La péninsule Ibérique, zone d’exploitation de minéraux rares
(Source : Plateforme EGDI / El País. Données cartographiques © OSM)

Joam Evans, coordinateur du MINOB, décroche le téléphone depuis la Galice, où l’exploitation minière métallique menace le travail de plus d’un millier de familles de pêcheurs, selon lui.
Il affirme que la Commission européenne et le ministère ont invoqué des raisons de sécurité et de défense pour refuser l’accès aux rapports d’impact environnemental des projets stratégiques demandés au printemps.
Evans note un changement dans le discours officiel : « La transition verte est dépassée. Ils parlent maintenant de nécessité de réarmement. Les deux mines de tungstène, matériau utilisé pour fabriquer des munitions et des blindages, ont un passé désastreux en matière de violations des droits du travail et de corruption. »

Adriana Espinosa, experte en extraction minière du MINOB et du collectif Amigas de la Tierra, critique également le plan européen :
« Nous ne dépendrons pas moins de la Chine, et les importations depuis le Sud global ne diminueront pas avec ces 60 projets stratégiques », affirme-t-elle.
Elle dénonce aussi des délais de recours « beaucoup trop courts » pour décortiquer les rapports techniques d’impact environnemental :
« Nous demandons de la transparence à l’Europe, au gouvernement espagnol et aux autonomies », souligne-t-elle.


Où sont utilisés les minéraux stratégiques ?
Les pourcentages indiquent la proportion du minéral dans le poids total du dispositif.
(Source : Visual Capitalist, SFA Oxford, ONU Environnement / El País)

Carla Gomes (43 ans) parle depuis Covas do Barroso, un hameau de 350 habitants dans la commune de Boticas, au nord du Portugal.
Les habitants luttent depuis 2018 pour arrêter « la plus grande mine de lithium à ciel ouvert d’Europe », désormais déclarée stratégique par Bruxelles, et qui a, selon Gomes, rendu inutilisables des terres agricoles.
Ils ont rencontré la même opacité institutionnelle que les habitants d’Olivenza : « Le gouvernement portugais ne nous a jamais informés des permis d’exploration. Ce projet n’a aucune garantie environnementale ni sociale », dénonce-t-elle.

La plateforme citoyenne à laquelle participe Gomes est également intégrée au MINOB, qui tiendra en octobre son assemblée annuelle à Covas do Barroso.
« Nous partageons des stratégies, mais surtout le même sentiment d’être un territoire sacrifié pour des intérêts économiques et politiques », dit-elle, à propos de la coordination avec les villages espagnols.


Manifestations contre la mine de lithium à Covas do Barroso (Portugal) et contre le décret gouvernemental de servitude administrative d’un an autorisant l’entreprise Savannah à exproprier des terrains privés


Le ministère pour la Transition écologique assure que l’activité minière « peut être un outil très important contre la dépopulation ».
Le plan espagnol, approuvé en 2022, prévoit l’ouverture de nouvelles mines face à la « demande exponentielle » à venir pour les matières premières stratégiques.

La nuit rafraîchit l’air à Olivenza (12 000 habitants, Badajoz).
Emilio, Susan et Quini, trois enseignants membres de la plateforme antimines, discutent autour d’une bière et de quelques fruits secs.
Une idée flotte dans l’air : l’Estrémadure est la réserve des autres.
« L’Europe veut ce que nous avons ici », dénonce Susan.
Quini enchaîne : « Ils vont hypothéquer l’avenir de nombreuses générations. »
Emilio conclut avant de payer l’addition :
« Ils nous voient comme une vache à lait. Des gens vivent ici. Il faut se battre pour la vie de notre région. Si tu ne luttes pas pour ça, pour quoi tu vas le faire ? »